Article publié dans les Dernières Nouvelles d'Alsace du samedi 17 août
Pages Haut-Rhin
(texte ci-dessous)
Deuxième à gauche après la Voie lactée : les Mattagumber de Mooslargue catapultent jusqu’à ce soir leurs touristes spatiaux dans la Galaxie Mattatrix , création parfaitement originale, sidérale et sidérante d’inventivité, d’humour et de poésie. Et dans les soutes, une dose de réflexion sur l’humanité.
Un constat d’abord : en onze spectacles, la troupe sundgauvienne des Mattagumber n’a rien perdu de ce plaisir, communicatif, à être ensemble pour s’aventurer hardiment dans des créations énergiques et libres, où le divertissement est tout aussi familial qu’exigeant.
Il y a bien sûr ces petits clins d’œil et ces gags qui jaillissent comme des lapins d’un couvre-chef du chapelier fou (tantôt musique du Gendarme de Saint-Tropez pour accompagner des « Cosmopoulets » missionnés pour attraper des « soucoupes violentes », tantôt une déferlante d’extraterrestres aussi dégourdis que des Teletubbies. Il y a surtout ces exoplanètes où s’aventurent comédiens, danseurs, musiciens, techniciens, costumières, décorateurs et maquilleuses à chaque nouveau voyage. Et comme ils aiment la prise de risque, pas question pour les Mooslarguois de sombrer dans la facilité. Cette année encore, le défi est de taille. Si le spectacle est donc drôle voire hilarant, il n’est de loin pas une bouffonnerie.
Infusé par les reprises décalées et les compositions propres d’excellents musiciens jouant dans l’ingrate pénombre, Galaxie Mattatrix conjugue les genres et les inspirations. Ce sont ainsi un violoncelliste accompagnant sobrement une soprano sur du Bizet ou du Verdi tandis que dansent les planètes au milieu desquelles flotte un derviche tourneur. Ce sont encore les enfants qui traversent avec leurs tendres ovnis, une révolte de robots qu’accompagne un chœur chantant les Carmina Burana en version rock… Mais ce sont avant tout, peut-être, des textes choisis avec espièglerie et pertinence par Mathieu Lavarenne, l’un des membres de cette grande famille composite. Un morceau de bravoure que de chercher et lier les auteurs, dont beaucoup de ces romans d’anticipation du début XXe siècle, pour en extraire un spectacle tout à la fois exotique et presque dérangeant par les questions qu’il laisse se poser. Dans la droite ligne de la science-fiction du reste, dont l’objet n’est autre que de travestir les interrogations existentielles sous des atours distrayants et extravagants. Avec cynisme parfois, comme ce directeur d’usine assurant que les robots qu’ils fabriquent sont les meilleurs ouvriers du monde car les moins chers, les plus productifs, dépouillés qu’ils sont des faiblesses humaines. Et parce que la fin de toute chose semble être le meilleur révélateur, les apocalypses plus ou moins loufoques se succèdent joyeusement sur scène, de la Bible aux Idées noires de Franquin.
Attention, le compte à rebours est lancé.
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Ce samedi 17 août à 21 h 15, à Mooslargue, derrière l’église. Entrée libre, chapeau. Prévoir vêtements chauds.