Les Mattagumber ont, depuis mardi (*), enflammé les nuits sundgauviennes avec leur nouveau spectacle démoniaque qu’ils présentent encore ce soir. Belzébuth invite à l’occasion de son 5 000e anniversaire. Et ce n’est pas triste.
La chaudière chargée d’âmes mijote deux heures et demie durant. Car bien sûr, l’enfer se doit d’être fumant, torride, voire caniculaire. Il est carrément fumeux.
Comme à leur habitude, les Mattagumber savent jouer du troisième degré, et même du millième (on est en enfer, n’ayons donc pas peur des mots), pour le plus grand plaisir d’un public chaud bouillant dans l’hilarité.
Cette année, ils ont touché du doigt les étoiles, puisque le bon Dieu est aussi de la partie. D’ailleurs, Lucifer et Méphistophélès ne sont pas les seuls à en prendre pour leur grade, Jésus aussi. La faute à un Saint-Pierre facétieux (Jean-Charles Mattler dans ses œuvres), qui sait aussi bien tricher au jeu pour sauver des « âmelettes » en perdition qu’encourager à la danse de Saint Guy.
Gardien d’un troupeau d’angelots mignons à croquer, Saint-Pierre, « céleste volaille avec des plumes dans le dos », finit par ne plus supporter de promener sa marmaille ni les « alléluia » qui l’accompagnent à chaque déplacement.
Le prince Belzébuth, alias Nicolas Lehr, naturellement dans le personnage, s’emploie, aidé en cela par une myriade de diablotins loucheurs, à trouver des âmes pour alimenter sa marmite, tout en organisant une « méga fiesta » pour son anniversaire.
Mamie Zébuth, super-moderne pour son âge, perturbera quelque peu son petit Belzé en donnant de son enfance quelques détails croustillants comme du pain chaud.
Il a bien sûr bénéficié de la meilleure mauvaise éducation qui soit. Mais au départ, c’était un vrai gentil, incapable de se défendre face à une petite fille armée jusqu’aux dents et dans la volonté de se faire un bon hachis de zizi. L’imagination des enfants n’a plus de limite.
Les décors et les costumes sont diaboliquement hors normes, les textes concoctés par Mathieu Lavarenne et consorts sont aux petits oignons, le tout mijote dans une atmosphère musicale éclectique à souhait, distillée par les saltimbanques du groupe La poupée du loup. Brel et Trenet côtoient AC/DC, la Salsa du Démon devient celle de mamie Zébuth, et Brassens contribue à attraper, au filet à papillon, des âmes perdues, à moins qu’il ne s’agisse de vents intempestifs.
Clin d’œil avec le spectacle de l’an dernier, les deux hurluberlus professeurs Ménerlache reprennent du service, en short vert fluo et au verbe haut. Anthony (Biegel) le magicien apporte cette année une touche totalement inédite et décalée avec des tours et numéros de magie flambant neuf s’intégrant parfaitement au scénario.
Ce banquet de Belzébuth glisse comme une cascade de gags et de bons mots.
Le défilé de mode des sept péchés capitaux ou bien encore le délicieux conciliabule entre Adam (en drôle de posture) et Ève (blonde jusqu’au bout des réflexions) ne sont que des échantillons parmi d’autres de cette joyeuse farce littéraire et explosive.
Chacun des Mattagumber contribue à la réussite, qu’il s’agisse des comédiens, des musiciens, mais aussi de toute l’équipe technique. Les flammes de l’enfer chatouillent délicieusement un public totalement acquis. D’ailleurs, personne n’est allé se plaindre d’une surchauffe des zygomatiques.
Le banquet de Belzébuth ce soir à 21 h, derrière la salle des fêtes de Mooslargue. Entrée libre, chapeau. Spectacle en plein air, prévoir vêtements chauds et couvertures.
(*) La représentation a dû être annulée mercredi soir à cause de la météo.