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Les Mattagumber

Les Mattagumber

Spectacles en plein air : Théâtre - Musique - Danse - Chant - Poésie / Organisation de festivals / Créations numériques...


Un royaume d’illusions…

Publié par mattagumber sur 13 Août 2011, 10:39am

Mooslargue / Théâtre

Un royaume d’illusions…

 

Dernières Nouvelles d'Alsace - samedi 13 août 2011

 

S’étant faits de Gargantua un allié voilà deux ans, les Mattagumber de Mooslargue avaient toutes les chances de dompter un nouveau géant de la littérature en adaptant le Don Quichotte de Cervantès. Pari tenu, de fort belle manière.

 

Don-Quichotte-DNA-13-aout-2011-Sundgau-photo-1.jpg

A la cour du Duc, Sancho pavoise sans se douter de la supercherie... (photo Gaby Marck - DNA)

 

D’inspiration ils ne manquent pas, ce n’est pas une révélation : les Mattagumber en livrent chaque été une nouvelle fournée depuis neuf ans. Cela n’enlève rien à l’âpreté de l’exercice. Lequel consiste chaque fois à créer un spectacle de toutes pièces à partir des morceaux épars qu’ils décident de coller avec leur subtil mélange de danse traditionnelle et contemporaine, de musique ancestrale et d’arrangements inédits, d’humour et de réflexion. Mais donc, faut-il les briques pour échafauder un mur qui ne tiendrait pas par le seul ciment.

 

La troupe mooslarguoise pourrait prendre des pièces pour en suivre le déroulé -exercice suffisamment difficile en soi !- ; elle leur préfère ainsi des inédits, bouturant des branches au tronc du thème ou auteur choisi chaque année. En se donnant systématiquement pour mission de partager la quintessence du sujet ou de l’œuvre. Non par une espèce de vanité mais pour l’amour de l’art, pour échanger dans la convivialité d’une soirée sous les étoiles. Dans l’esprit in fine des conteurs et des anciens qui partageaient avec leur communauté savoir et récit distrayants ou didactiques au coin du feu. Cela est d’autant plus palpable que la démarche est gracieuse, ces saltimbanques sundgauviens ne suggérant qu’un « à votre bon cœur m’sieur’dame ! » en tendant leur chapeau à la fin de la représentation. En ayant au préalable convié l’assistance au verre de l’amitié.

 

Don Quichotte n’échappe pas à la règle dans cette mise en perspective. Au bout d’un méthodique travail d’épluchage des deux volumineux tomes de Cervantès, Mathieu Lavarenne, qui signe adaptation et mise en scène avec le soutien de toute l’équipe, a développé quelques croustillantes couches, tantôt drôles ou graves, goûteuses toujours. Il ne reste plus qu’à chevaucher… Quichotte, le farfelu, Sancho le fanfaron, trottinent au sens propre, le valet suivant son maître tant par appât des titres que celui-ci fait miroiter que par une loyauté fraternelle. Forfanterie et couardise… le valeureux mais malheureux hidalgo est prêt à toutes les prouesses pour s’imposer en ultime redresseur de torts, son impétuosité étant le terreau fertile de la méprise et de l’aveuglement au bonheur des coquins et des crapules.

 

Prenant des vessies pour des lanternes, il ne trouve aucune gloire sur le chemin de l’honneur, mais moqueries, quolibets et canulars. Quichotte, héros et zozo qui n’écoute que son courage et ses voix intérieures, et dont les élucubrations enfantent de rocambolesques péripéties.

 

S’il fallait une fable pour le dire, Cervantès l’a ainsi habillée d’une armure de chevalier errant : l’enfer est pavé de bonnes intentions. Mais comment ne pas s’attacher à ce vieux piteux et pitoyable mais aussi vénérable fou, porté par la force de l’illusion jusqu’à ce que l’abatte la puissance de la désillusion. Guette alors le désespoir…

 

Chantant comme ils ne l’avaient pas encore fait jusqu’à présent -s’inspirant lointainement des comédies musicales-, dansant avec légèreté, ces ménestrels rédigent une ode au songe et à l’illusion dans ce qu’ils peuvent avoir de contrasté et de paradoxal. La lucidité est-elle le meilleur moyen de traverser l’existence ?

 

Les Mattagumber se gardent bien de répondre : ils préfèrent lancer la réflexion puis virevolter dans une poésie enthousiaste et facétieuse, glissant d’impressionnantes images -quitte à s’inspirer du groupe de métal Ramstein !- sur une belle partition. Que traversent le pétaradant sire de la Blanche-Lune, des combats épiques, des canailles, des filles de joie, des paysannes à la sensualité taillée à la serpe, des courtisans sarcastiques, des forçats ingrats…

Vraiment, la troupe de Mooslargue a un sacré panache.

 

Nicolas Lehr

 

Aujourd’hui samedi 13 et dimanche 14 août à 21 h en plein air, à côté de la salle polyvalente de Mooslargue ; prévoir une veste. Entrée libre, plateau ; Don Quichotte sur le réseau Facebook.

 

Don-Quichotte-DNA-13-aout-2011-Sundgau-photo-2.jpg 

L'arrivée des moulins : le spectacle est une affaire de famille. (photo Gaby Marck - DNA)


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Les musiques, partie intégrante de la création avec les compositions du guitariste Valère Kaletka. (photo Gaby Marck - DNA)


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Les danses élégantes imaginées par Sébastien Chabouté. (photo Gaby Marck - DNA)


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Lorsque Sancho et Quichotte chevauchent... Henri Fritsch et Jean-Charles Mattler forment un remarquable duo.


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Le chevalier de la Blanche-Lune, héroïque !

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D
<br /> Tout le plaisir était pour nous, mais nous aimons tout de même partager... ;-)<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Un grand bravo pour ce spectacle.<br /> Les comédiens, les musiciens, les danseurs nous ont fait vivre une très belle soirée. Merci.<br /> <br /> <br />
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