Mooslargue / Don Quichotte en plein air
En selle ce soir
Dernières Nouvelles d'Alsace - jeudi 11 août 2011 - Pages Sundgau
Ils peaufinent son entrée et astiquent son armure pour la bien faire reluire : c’est ce soir que les Mattagumber lèvent le rideau sur leur Don Quichotte, à Mooslargue. Une création originale qui devrait, au vu des dernières répétitions, détonner !
« Bon, comme d’habitude, on est en avance… », plaisantait encore dimanche ce comédien rompu à l’exercice aoûtien des Mattagumber. Une journée cruciale ou presque, qui devait permettre à la troupe de caler les derniers gros réglages, de fignoler les costumes qui devaient encore l’être… bref, de fixer les détails de sorte que la répétition générale, hier soir, se déroule dans les meilleures conditions alors que les musiciens conduits par Valère Kaletka ouvrageaient leurs morceaux.
Pour autant, pas trop de stress ne se lit en ces instants où les yeux passent beaucoup de temps à scruter le ciel et les nuages qui circulent au-dessus de Mooslargue. « Il fera beau ! », assure Didier Simon avec ce sourire dont il ne se dépare jamais. Pour l’heure, ce n’est certes pas gagné, la météo sundgauvienne n’étant pas vraiment au diapason de la Mancha, coin de terre espagnole nichée entre la Castille et l’Andalousie…
Pas question pour les Mattagumber de s’encombrer l’esprit avec ça. Il semble que rien ne puisse altérer cette décontraction qui leur sied si bien.
Des étincelles…
Décontraction, pas désinvolture, car “ça bosse” ! Il suffit de voir le comédien riespachois Jean-Charles Mattler, dont le moins que l’on puisse dire est qu’il a de la bouteille en matière de scène avec toutes les expériences qu’il a accumulées de-ci de-là, s’imprégner de son texte en silence sur un coin de cette scène flottant sur les dix tonnes de sable livrées spécialement pour la pièce. Prenant un air renfrogné qu’accentue son bouc, les yeux au loin et les cheveux au vent, il semble taillé pour ce rôle-titre qu’il prépare avec son sérieux imperturbable. Son compère Sancho Panza, qui n’est autre que le bouillonnant Henri Fritsch tout à sa volubile inquiétude de bien faire, s’agite entre les coulisses, qu’abrite la salle communale, et la scène en plein air. Le binôme contraste dès avant le lever de rideau et promet de faire des étincelles !
Elles y sont toutefois déjà, dans la dynamique de la troupe, dans les chorégraphies signées Sébastien Chabouté et le consistant texte que Mathieu Lavarenne a extrait de l’œuvre originale de Miguel de Cervantès. Une somme, dont le jeune professeur d’histoire s’est fait fort de dégager la poutre maîtresse et l’esprit tout en fantaisie, en finesse et en drôlerie d’un auteur qui a su y compiler ses expériences de vie en ce tournant des XVI e et XVII e siècles. Et qu’en reste-t-il, 406 ans plus tard ? Beaucoup de choses à en croire les artisans de ce nouveau spectacle… à chacun d’y percevoir toute l’actualité ! En ayant au préalable pris grand soin de s’amuser gaillardement avec les Mattagumber. Ils ne demandent que cela. Ça tombe bien, le public aussi.
Nicolas Lehr
Aujourd’hui jeudi 11, vendredi 12, samedi 13 et dimanche 14 août à 21 h en plein air, à côté de la salle polyvalente de Mooslargue. Entrée libre, plateau. A découvrir, le profil de Don Quichotte sur le réseau Facebook