Article publié dans les Dernières Nouvelles d'Alsace du vendredi 16 août 2013
(image et texte ci-dessous)
par , le 16/08/2013
Les Mattagumber ont une nouvelle fois réuni tous ses talents pour proposer un formidable spectacle cosmopolite inspiré de science-fiction robotisée et visionnaire, dans lequel les idées fusent aussi vite que le rire et la poésie lunaire. Grandiose !
Le mot est sans doute encore assez faible tant les Mattagumber ont placé haut la barre, tout là-haut dans les étoiles, près de la « Grande Nounours » et son fiston. Mercredi soir pour la première, ce fut show apocalyptique à Mooslargue ! Non pas tant à cause de la température, qui est passée de 15 à 11 degrés au cours des deux heures de spectacle, mais bien parce qu’il s’est produit un événement d’ampleur cataclysmique : la fin du monde… version Mathieu Lavarenne (en génialissime arrangeur général) et consorts !
Dans des décors impressionnants (même les arbres ont vu leur tronc se teinter d’aluminium), la trentaine de comédiens (sans compter tous ceux qui s’activent dans les coulisses) a offert cinq tableaux cosmiques et extraterrestres au cours desquels la folie douce a semblé prendre possession de leur âme. Comment ne pas révéler quelques-unes (parmi la foison) des pépites qui jalonnent le spectacle ? Si l’on voulait en faire ici l’apologie exhaustive, la page n’y suffirait pas et l’on se risquerait à un coup de règle sur les doigts de la part de la rédaction du journal…
Comme chaque année, et pour la onzième fois cet été, les Mattagumber montent sur les planches pour un savant mélange des genres. Ni théâtre, ni comédie musicale, ni concert live , ni spectacle humoristique, mais un peu tout cela à la fois. La superproduction intergalactique totalement originale dans son concept n’a de cesse de surprendre le public. Jouant à fond la carte culturelle et littéraire (de par ses sources d’inspiration allant de H.G. Wells et J.H. Rosny Aîné à Boris Vian et Francis Blanche, en passant par Pierre Dac et… La Bible ), la troupe sublime l’ensemble par des danses épiques (de blanches et aériennes créatures lunaires, un derviche tourneur concentré, des robots magnétisés, lumineux ou à balais) et des musiques jouées en live. Percussions endiablées sur tonneau de métal ou sur instrument « fait maison » (le fameux cyber-balafon cosmique conçu et fabriqué par Jacky Saly !) côtoient les compositions de Valère Kaletka et les belles envolées lyriques au chant et au violoncelle ( la Traviata et Carmina Burana notamment), sans oublier une java martienne à damner les petits hommes verts.
La palme d’or du festival du Caneton mooslarguois est attribuée cette année aux fabuleux costumes, des habits de lumière de tous les espaces-temps : martiens aux bras courts et au langage « protozoaire », extraterrestres de tous bords, robots ménagers, savants fous en blouse blanche et gambettes à l’air (surprise !), démonstratrices en fourreau métallisé, danseuses lunaires à la coiffe surmontée d’hélium, minis soucoupes volantes, et même les « Cro », femmes et hommes fossiles.
Sur une chorégraphie signée Sébastien Chabouté, les personnages, poétiques ou hilarants, entretiennent des rapports gestuels (quel savoureux jeu de jambes de la part des gendarmes de l’espace !) et verbaux totalement en accord avec des textes ciselés au cordeau de l’humour et du suspense. Mention spéciale à la performance de Slalom et Jérémie Ménerlache (Jean-Baptiste Mattler et Laurent Déveille) pour leur déclamation technique sur la cosmocyclette (des ondes « talairdunconcentriques » ! ?), et à Jean-Charles Mattler en ingénieur suisse.
Bien sûr, l’Homme en prend pour son grade tout au long du spectacle, dans un joyeux mais explosif big bang. Rassurons-nous : une « cellule psychologique post-apocalyptique » a été mise en place (sous forme de verre de l’amitié). Alors, parés à accompagner les Mattagumber dans leur délire ? Prêts, feu, partez !
Vendredi 16 et samedi 17 août à 21 h 15, à Mooslargue (derrière l’église) ; entrée libre, chapeau. Prévoir couvertures et vêtements chauds.